samedi 1 septembre 2012

Le siège de Maupertuis - Renart échappe à la mort




Quand Ysengrin le voit libre,
Q


uant Ysengrin le vit delivre,
il préférerait alors être mort plutôt que de vivre ça.
Tous ont grand-peur que Renart
ne leur cause encore des ennuis,
et il le fera pourtant, si Dieu lui accorde
de vivre jusqu'aux vêpres sinon jusqu'à none.
Il faut toujours surveiller ses arrières,
quand justement le roi regarde derrière lui,
et voit venir par un raccourci
une bière portée par des chevaux.
C'est Chauve la souris
et Pelé le rat, son mari,
que seigneur Renart a étranglé,
quand il l'avait saisi par les griffes dans la mêlée.
Il y a en compagnie de dame Chauve :
sa sœur, dame Fauve,
avec dix autres frères et sœurs,
dont les grands cris arrivent jusqu'au roi,
ainsi qu'une bonne cinquantaine de fils et de filles,
et une bonne soixantaine de cousins.
Avec tout le vacarme qu'ils font,
à venir ainsi tous ensemble,
l'air du ciel se met à frémir,
et toute la terre en tremble.
Le roi se déplace un peu sur la droite
pour savoir ce que ça peut être.
Il entend alors les cris et le bruit,
et n'a pas du tout envie de s'en réjouir.
Quand Renart voit le cortège funèbre venir,
il se met à frémir de peur,
et renvoie sa femme en arrière.
Sa maisonnée et ses enfants
aussi ont vraiment peur de cette bière,
car ils redoutent fortement un complot,
alors ils sortent très discrètement du camp,
et rentrent vite dans leur château.
Renart lui, prend le risque de rester.
La bière arrive à grande allure,
dame Chauve fend la foule,
quand elle voit le roi, elle s'élance vers lui,
et implore sa grâce à toute voix.
Mais son cœur défaille et elle tombe évanouie,
ainsi que la bière de l'autre côté.
Tous se plaignent alors de Renart,
et font un si grand tapage,
que l'on n'y entendrait même pas le tonnerre de Dieu.
Le roi veut alors reprendre Renart,
mais celui-ci ne souhaite pas l'attendre.
Quand il voit les problèmes arriver,
il fait preuve de sagesse en s'enfuyant aussitôt,
car il n'a que faire de son discours.
Il monte alors sur un grand arbre.
Ils vont tous après lui,
s'arrêtent sous le chêne,
et font le siège tout autour.
Il ne pourra en descendre qu'en passant parmi eux.
Le roi lui fait remarquer, et lui commande
de venir en bas puis de se rendre.
« Sire, je ne le ferai pas
si votre assemblée de barons ne me donne pas sa parole,
et si vous ne me donnez pas des garanties
que jamais il ne m'arrivera d'ennui.
Car il me semble que je vois beaucoup
de mes ennemis autour de vous.
Si chacun me tenait directement,
il me donnerait autre chose que du pain.
Tenez-vous donc tous tranquille là-dessous,
chantez les aventures d'Ogier et de Lanfroi,
et que celui qui connaît les nouvelles, les raconte,
je les entendrai bien de là-haut. »
Quand le roi entend Renart se moquer,
et lui résister dans le chêne,
il fait apporter deux cognées,
et ils se mettent à couper le chêne.
Renart a grand-peur
quand il voit la chose arriver.
Il remarque aussi tous les barons alignés en rang,
chacun attendant de pouvoir se venger,
il ne sait comment pouvoir leur échapper.
Il se met à descendre un peu,
en tenant une grosse pierre à la main,
quand il voit Ysengrin s'approcher de lui.
Écoutez le grand prodige qu'il fait :
il la lance et atteint le roi près de l'oreille.
Même pour cent marcs d'or, le roi n'aurait pu se retenir
de tomber à terre.
Les barons accourent tous ensemble
et le secourent de leurs bras.
Pendant qu'ils s'occupent
de leur seigneur qu'ils soutiennent,
Renart saute en bas et prend la fuite.
Chacun lui crie après,
pourtant ils se disent, tous autant qu'ils sont,
que plus jamais ils ne le poursuivront,
car tout cela n'est pas croyable,
mais plutôt l'œuvre d'un diable vivant.
La poursuite est donc terminée,
et Renart s'en va tout droit dans son enclos.
Les barons emportent le roi
directement dans la grand-salle de sa maison.
Pendant sept jours, le roi se fait baigner,
ventouser, et distraire,
jusqu'à ce qu'il redevienne en bonne santé
comme il était auparavant.
Renart s'en tire une fois de plus,
que chacun garde donc sa cape loin de lui !


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Lors vosist miex morir que vivre.
Grant peor ont trestuit de lui
Qu'il ne lor face encore anui ;
Si fera il, se Diex li donne
Que il voie vespres ou nonne.
Garder le estut par deriere,
Quant li rois regarda ariere
Et vit venir par une adrece
Une biere chevalerece.
Ce estoit Chauve la soriz
Et Pelez li raz, ses mariz
Que dant Renart ot estranglé,
Quant desouz lui l'ot aunglé.
En la compaingne dame Chauve
Estoit sa suer et dame Fauve
Et .X. que freres que serors ;
Au roi en viennent granz clamors
Que fils que filles, bien cinquante,
D'autres cosines bien sesante.
De la noise que il menoient,
Trestot issi con il venoient,
Li air du ciel en fremissoit
Et toute la terre en trembloit.
Li rois se tret .I. poi sor destre
Por savoir que ce pooit estre ;
Entent le cri, entent la noise,
Lors n'a talent que il s'envoise.
Quant Renart ot le duel venir,
De peor conmence a fremir ;
Sa fame en envoia ariere.
Tel peor ot de cele biere
Sa mesnie et ses enfanz,
Qui mout criement les souduianz,
Mout coiement issent de l'ost,
En lor chastel en viennent tost ;
Renart remaint en aventure.
La biere vient grant aleüre,
Ma dame Chauve ront la presse ;
Ou voit le roi, vers lui s'eslesse,
Si li crie merci en haut ;
Pasmee chiet, le cuer li faut.
La biere chiet de l'autre part.
Tuit se plaingnoient de Renart
Et font une noise si grant
Que l'en n'i oïst Dieu tonnant.
Et li rois velt Renart reprendre,
Mes il ne le velt mie atendre,
Que pres de lui voit ses donmages,
Ainz s'en foui, si fist que sages :
N'avoit que fere de son conte.
Desus .I. grant arbre s'en monte ;
Aprés vont trestuit apresté
Soz le chesne sont aresté.
Le siege metent environ ;
N'en descendra se par eus non.
Li rois li dist et li conmande
Qu'il aille jus et si se rende.
« Sire, ce ne feré je mie,
Se vo barnage ne m'afie
Et vos ne me livrez ostages
Que ja ne m'en sordra domages ;
Car je voi mout, ce m'est avis,
Entor vos de mes anemis ;
Se chascun me tenoit au plain,
Il me donroient el que pain.
Or vos tenez la jus tuit quoi,
Chantez d'Auchier et de Lanfroi,
Qui set noveles, si les cont,
Jes orré bien de ça a mont. »
Li rois oï Renart gaber
El chesne et a lui estriver ;
.II. coingnies fist aporter,
Le chesne pranent a couper.
Renart grant peor a eüe
Quant il ceste chose a veüe ;
Les barons vit toz arengiez,
Chascun atent qu'il soit vengiez ;
Ne set conment puisse eschaper.
.I. poi se prent a avaler,
En son poing tint .I. grant roche,
Vit Ysengrin qui li aproche.
Oez con il fist grant merveille :
Li rois en feri lez l'oreille,
Par .C. mars d'or ne se tenist
Li rois qu'a terre ne chaïst ;
Trestuit li baron i aqueurent,
Et entre lor braz le sequeurent.
Endementres qu'il entendoient
A lor seignor que il tenoient,
Renart saut jus, et torne en fuie.
Et neporquant chascun le huie,
Et dient tuit, si con il sont,
Que ja mes ne l'enchauceront,
Que ce n'est pas chose avenable,
Ainz est oevre a vif deable.
Or est remés l'enchauceïs,
Tout droit s'en vet au plaiseïs.
Li roi emportent li baron
Droit el palais en sa meson.
.VIII. jors se fist li rois baignier
Et ventouser et aaisier
Tant qu'il revint en la santé
Ou il avoit devant esté ;
Et Renart ainssi s'en eschape,
Or gart chascun de lui sa chape !
Comment Renart trompa Brun l'ours avec le miel Si conme Renart conchia Brun li ours du miel (10)
Notes de traduction (afficher)

2 commentaires:

  1. Ce livre est vraiment génial je l'adore

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  2. Nous l'étudions en français on doit le rendre pour la fin des vacances alors si vous avez besoin d'aide

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